Source : Laurent Huguelit
Le chamanisme une fois débarrassé de son coté folklorique propre aux sociétés dont il est issu s'avère être une véritable technologie de l'esprit ayant développé une panoplie d'exercices et d'outils que tout thérapeute (bien formé) peut utilisé aujourd'hui et dans notre culture.
Laurent Huguelit nous en parle dans un texte écrit pour une conférence de l'INREES :
" Bien avant le Paléolithique, la sédentarisation et les premières civilisations, le chamanisme était un système de survie pragmatique visant à assurer la survie des tribus itinérantes. Il s'agissait, pour certains individus qui avaient une intuition particulièrement aiguisée, de déterminer où se trouvait le gibier, de prévoir les attaques de tribus adverses, de reconnaître les causes invisibles de la maladie, etc. Quelques dizaines de milliers d'années ont passé et nous voici au XXIe siècle, à l'ère de la globalisation de l'information, et enfin, nous commençons à comprendre que derrière l'aspect "surnaturel" ou "irrationnel" de la pratique chamanique se cache une véritable technologie de l'esprit.
Cette technologie de l'esprit nous apprend que derrière les trois dimensions de la réalité matérielle se cachent une infinité d'autres réalités auxquelles nous pouvons avoir accès. Ainsi, bien avant les avancées révolutionnaires de la physique quantique et de l'astrophysique, les chamanes ont développé un accès direct, intuitif et visionnaire à ces autres réalités et aux informations qu'elles contiennent.
Une caractéristique centrale de la pratique chamanique est sa recherche d'efficacité, qui est directement héritée des époques reculées où la survie des peuplades tenait parfois à une décision, à une intuition. Les chamanes ont dû sans cesse affiner leurs techniques pour avoir accès à des informations de plus en plus précises, ainsi que pour gérer la complexité grandissante du rapport entre l'homme et son environnement. Le but de ces pratiques n'a donc jamais été de s'évader dans un autre monde ou de partir dans une énième quête mystique ésotérique, ni d'ailleurs de changer de système de croyance ou de se convertir à une quelconque « religion archaïque ». Le but de ces pratiques a toujours été de fournir des informations utiles, pratiques, pertinentes – et bien souvent vitales.
En nous penchant sur le « folklore » chamanique plutôt que sur les techniques proprement dites, nous restons en surface et ne cessons de mal interpréter le sens réel de la pratique, comme ont pu le faire les missionnaires (ce sont des pratiques diaboliques), les explorateurs (ce sont des pratiques sauvages) ou les anthropologues de la vieille école (c'est de la folie, du charlatanisme), qui furent les premiers à essayer de comprendre le chamanisme. Nous devons apprendre à voir au-delà des différences culturelles, afin de reconnaître l'universalité et l'étonnante modernité de cette technologie de l'esprit.
Il ne fait aucun doute que nos cultures occidentales peuvent parvenir à comprendre l'utilité de la pratique chamanique, et cela malgré le gouffre paradigmatique qui semble les en séparer, parce que c'est avant tout un formidable outil de recherche, de découverte et d’émerveillement. Nous devons parvenir à développer une approche qui s’insère dans nos cultures, qui respecte leurs lois, qui est en adéquation avec elles, et qui apporte quelque chose de constructif, au-delà des polémiques et de l’image à la fois spectaculaire et réductrice dont souffre parfois le chamanisme. Nous devons apprendre à revoir nos définitions, à dépasser nos préjugés, à nous ouvrir à d'autres possibilités, car, plus que jamais, la complexité du rapport entre l'homme et son environnement demande à être explorée. "